Non aux belles promesses mais oui aux bonnes moissons !
Alors que nous venons de sortir d’une longue séquence élective, une autre séquence, encore plus importante pour nous, s’ouvre: celle des moissons. Dans les deux cas, nous espérons qu’elles seront bonnes car tant l’une que l’autre ont des incidences réelles sur notre revenu, nos exploitations, notre métier.
A l’heure des moissons, se pose la question de la valorisation de nos productions. Étrange question au demeurant: il y a un vrai paradoxe à se dire qu’alors même, les besoins en protéines n’ont jamais été aussi forts, il n’y a jamais eu autant de menaces sur les oléopro.
Nous le savons bien, la demande en protéines ne cesse et ne cessera de croître, tant en alimentation humaine qu’en nutrition animale ou encore dans des secteurs innovants en pleine expansion.
Pourtant, chacun sait combien sont nombreuses les menaces : baisse des objectifs d’incorporation, importations d’huile de palme, suppression de possibilités de traitement sur SIE, impasses techniques qui se multiplient. Tout cela a un impact extrêmement négatif. Est-ce pour autant qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain ? Je ne le pense pas.
Au contraire, j’affirme qu’il est plus qu’urgent de redéfinir les contours de ce que doit être une véritable ambition pour un véritable plan protéines végétales. C’est à nous qu’il revient de le définir.
A nous tout d’abord, au sein de la filière en mobilisant l’ensemble des acteurs autour de ce projet à l’image de l’impulsion que nous avons donnée pour que se construise la filière soja. A nous ensuite, avec nos partenaires du secteur animal à l’image de la première réunion que nous avons eue avec leurs Associations Spécialisées. A nous enfin, avec le soutien des AS Grandes Cultures, de le porter auprès des Pouvoirs publics, des parlementaires et de le promouvoir auprès de l’opinion publique.
J’ai le sentiment que l’action politique et syndicale que nous conduisons, à travers la FOP, porte ses fruits. Aujourd’hui, c’est un fait acquis que chacun reconnait enfin l’évidence du lien entre les tourteaux et les biocarburants. Cette vérité ferait rire La Palisse, et j’enrage de ne la voir émerger que maintenant : que de temps perdu, que d’énergie déployée pour ce faire alors que, pendant ce temps, nos concurrents prennent de l’avance du fait de nos approches dogmatiques.
Cette perte de temps, nous la payons cher aujourd’hui : notre activité industrielle souffre. Pourtant il faut faire face avec courage et responsabilité. Pour ce faire, je ne veux imposer aucun tabou. Tout doit être mis sur la table. Tout doit être vu globalement. Tout est lié.
On ne peut préparer l’avenir d’une politique agricole en étant prisonnier d’approches dépassées. On ne peut non plus préparer l’avenir d’une politique agricole sans savoir ce que nous voulons précisément faire pour qu’ensemble, tous secteurs confondus et en lien avec la FNSEA et JA, nous fassions grandir la ferme France. J’en suis d’autant plus convaincu à l’analyse des résultats des élections mais aussi à la lecture de la composition du Gouvernement, fortement européen et germanophile ainsi qu’à la teneur des discours du Président de la République et de son Premier Ministre.
Voilà pourquoi nous devons être toujours plus prospectifs et novateurs. À travers la protéine, nous touchons tous les secteurs de notre vie quotidienne. Dans ce cadre, les États Généraux de l’Alimentation sont une formidable opportunité à saisir pour mettre en avant tout ce que nous, producteurs d’oléopro, et notre filière, sommes à même de faire pour répondre aux attentes des consommateurs qui sont aussi, et avant tout, nos concitoyens. À nous de savoir être force de propositions et porteurs de solutions audibles et crédibles. Plutôt que de croire dans des promesses aussi belles soient-elles, agissons en espérant récolter les fruits de notre engagement. En attendant, je vous souhaite aussi de belles et bonnes moissons.
Arnaud ROUSSEAU