Congrès FNSEA 2024 – Intervention de Benjamin Lammert au nom des AS Grandes Cultures
Monsieur le Président, chers collègues et chers congressistes,
C’est au nom de l’AGPB, l’AGPM, la CGB, la FNAMS, la FOP et l’UNPT que je prends la parole devant vous.
Pour commencer, disons-le clairement : nous en avons ras-le-bol.
Ras-le-bol de ces remises en cause systématiques de nos moyens de production par une administration toujours soucieuse de se protéger elle-même quitte à nous conduire dans des impasses,
Ras-le-bol de ces oukases nous privant de molécules tout en exigeant de nous des solutions immédiates pour pallier les défaillances d’une recherche publique qui cherche sans trouver depuis des années,
Ras-le-bol de ces écoterroristes qui entrent par effraction dans nos exploitations, cassent et saccagent sans toujours être poursuivis, alors qu’on nous verbalise pour des infractions minimes,
Ras-le-bol de ces débats dogmatiques autour du stockage de l’eau alors que la gestion de l’eau est depuis des millénaires le corollaire de l’agriculture,
Ras-le-bol de ces normes qui se surtransposent et de ces zonages qui se superposent si bien qu’au final, elles ne font qu’un heureux : le corps des contrôleurs,
Ras-le-bol de cette fiscalité qui étouffe l’outil de production et impacte nos revenus fragilisés par l’effet ciseaux de la hausse des charges et de la baisse des cours : j’insiste sur ce point car nos perspectives de revenu sont actuellement très préoccupantes,
Ras-le-bol de ces fonctionnaires qui négocient des accords internationaux déstabilisant nos marchés et nous promettent des clauses miroirs qui sont surtout des miroirs aux alouettes,
Ras-le-bol de l’ouverture à des importations qui n’ont pas nos normes et déstabilisent nos filières alors qu’on parle de production nationale et de souveraineté agricole,
Ras-le-bol de ces craintes, menaces, dangers et autres « apocalypse now » dès lors que nous parlons innovation, audace, progrès, compétitivité,
Ras-le-bol d’entendre vanter l’intérêt des nouvelles technologies en agriculture quand, au final, l’inconsistance l’emporte sur la science,
Ras-le-bol qu’on nous parle de valorisation et promotion du métier quand on estime que l’agriculture n’est pas un secteur économique stratégique majeur et que l’on prône la décroissance comme modèle d’avenir,
Nous pourrions multiplier les exemples. Ce serait risible si c’était du théâtre. Mais voilà, nous ne rions plus : c’est pour cela qu’à la comédie de boulevard nous avons préféré la scène de l’autoroute.
Il était temps de réagir. Non pas seuls et de façon sectorielle mais bien ensemble et de façon globale. Non pas pour défendre des revendications spécifiques mais bien une vision de la ferme France.
Alors merci à nos Secrétaires généraux FNSEA et JA et merci à vous, les Présidents de FDSEA et de FRSEA, d’avoir su, en responsabilité, gérer ces semaines de mobilisation pour faire en sorte que la colère du terrain s’exprime clairement sans céder à la pression facile de la démagogie.
Cette clairvoyance nous a permis d’avoir l’opinion avec nous car elle a compris que notre pays marchait sur la tête.
Et aussi merci à toi Arnaud et merci à toi Arnaud. Grâce à vous deux, la FNSEA et JA ont su tenir la barre avec sang-froid et détermination et conduire les négociations avec convictions et fermeté.
Avec vous, nous sommes passés de la révolution silencieuse à la révolution audacieuse dans le respect de l’unité paysanne. Votre ligne fait notre fierté, vous pour qui seule compte la force des idées et du projet.
Reconnaissons que beaucoup a été obtenu en peu de temps tant au niveau européen que national. A nous de le dire et le faire savoir : nous devons être des porteurs de solutions et non des colporteurs d’incantations.
Reconnaissons aussi qu’il reste encore beaucoup à obtenir comme l’interdiction des importations frauduleuses d’huiles usagées, les clauses de sauvegarde pour les importations de céréales et de semences de maïs d’Ukraine, des moyens pour lutter contre la jaunisse, le déploiement des réserves d’eau, l’octroi des dérogations pour des molécules indispensables, le lien ANSES/EFSA, la gouvernance des agences, la sécurisation de notre approvisionnement en engrais …
La liste est longue. Cela prendra du temps. Mais, Arnaud, sois certain que, contrairement aux faiseurs de rêves, nous savons que tout n’est pas possible tout de suite. Le grand soir n’est pas pour aujourd’hui.
Aussi le plus important est d’obtenir du Président de la République, du Premier Ministre, du Ministre de l’Agriculture et de sa Ministre déléguée que le changement de logiciel se concrétise réellement.
Les échéances législatives en sont l’occasion : à nous d’agir et de pousser avec toute la force du réseau.
Les échéances européennes doivent nous permettre d’affirmer notre projet d’une souveraineté agricole.
Les élections aux Chambres doivent être aussi l’occasion d’affirmer notre vision d’une agriculture qui sait s’organiser.
Et nous n’oublions pas non plus les prochaines présidentielles.
Ce combat pour le revenu et cette vision pour l’agriculture sont notre raison d’être. Nous sommes prêts à le mener.
Alors Arnaud, tu peux compter sur nous, sur notre soutien fidèle et notre appui total : nous sommes avec toi et te faisons pleinement confiance pour nous conduire à bon port.
Je vous remercie.