Intervention de clôture – Assemblée générale FOP – 17 novembre 2020
En introduction de son intervention de clôture de l’Assemblée Générale de la FOP du 17 novembre 2020, le Président de la FOP, Arnaud Rousseau a notamment estimé qu’il « fallait faire le constat que nos productions oléoprotéagineuses sont au cœur de l’actualité agricole ».
Au niveau politique, il relève la « résurgence bienvenue de la souveraineté alimentaire » qui fait que la question de la production de protéines végétales et de la baisse des importations de ces mêmes protéines est devenue un sujet non plus seulement agricole mais bien global.
Il rappelle à ce titre la déclaration du Président de la République au G7 de Biarritz sur la souveraineté protéinique qui est tout à la fois « une excellente nouvelle et une opportunité à saisir pour réaffirmer notre ambition et réaffirmer le rôle de l’Europe ».
Il se félicite de la mise en place du Plan protéines doté de 100 M€ et son fléchage vers l’amont, l’aval et la recherche. Il remercie l’interprofession qui a su, avec le secteur animal et végétal, définir « une stratégie ambitieuse et partagée ».
Il faut désormais « transformer l’essai en s’engageant sur des objectifs partagés » avec les Pouvoirs publics.
Pour que ce Plan réussisse, il estime qu’il faut :
- Investir dans l’amont,
- Structurer et développer l’aval,
- Mettre des moyens sur la recherche et l’innovation avec les semenciers,
- Créer de la valeur ajoutée pour les acteurs de la chaine,
- S’assurer que les producteurs vont s’y retrouver ce qui est la mission de la FOP.
Au niveau environnemental, il rappelle que nos productions sont au cœur des enjeux de biodiversité, de diversité des assolements et qu’elles contribuent significativement au bol alimentaire des pollinisateurs. Il soulignent aussi qu’elles sont présentent sur tout le territoire.
Il souligne enfin que la FOP accompagnera toujours toutes les initiatives qui, comme OléoZE, favorisent et valorisent les bonnes pratiques agricoles et les économies de gaz à effet de serre et ce, jusqu’à 30 €/t. Il estime dans ce cadre normal « une contractualisation tripartite entre le producteur, l’OS et l’industriel ».
Au niveau sociétal, il relève que la demande en protéines végétales augmente y compris dans l’alimentaire. Il souligne que la FOP ne met pas en opposition « les protéines végétales et animales », cela relève du choix du consommateur : « la diversité de l’alimentation française est une force ».
Il reconnait par contre que la proximité, l’origine et la naturalité notamment sont des atouts pour nos productions. Des productions qui toutes doivent avoir un débouché et être sources de création de valeur.
C’est pourquoi Arnaud Rousseau souligne qu’aujourd’hui « tous les voyants sont au vert et que nos productions sont bien des vecteurs de solutions ».
Toutefois, il constate que de nombreux obstacles demeurent et qu’ils « font stagner voire régresser nos productions ».
Il en est ainsi des moyens de production.
- En ce qui concerne les semences et la génétique, il estime qu’il faut « favoriser le progrès, la recherche et l’innovation car c’est un combat de civilisation » face à l’obscurantisme et la décroissance. Il réaffirme donc tout son soutien aux entreprises semencières dont certaines sont françaises.
- En ce qui concerne la mutagénèse, il estime qu’il faut accompagner toutes les techniques qui sont utilisées dans le monde. Par contre, il faut s’opposer au brevetage du vivant : c’est une question éthique centrale.
Par conséquent, il explique qu’il faudra « être vigilant sur la position que prendra la France sur ce sujet et qu’il faut se réserver le droit d’ester en justice si besoin ».
Sur les phytos, « le zéro pesticide est une insulte à l’intelligence humaine et soigner les plantes et les animaux est dans la même logique que soigner les hommes ». Les pratiques agricoles ont largement évolué grâce à Terres Inovia.
Il rappelle que la perte de matière active est grandement responsable de la perte d’intérêt de nos cultures. Dans ce cadre, la défense du Phosmet est prépondérante : « on en réussira pas le Plan protéines sans le Phosmet ».
Sur le plan pollinisateur, il rappelle que nos cultures sont essentielles pour eux et que les liens entre agriculteurs et apiculteurs sont forts. C’est pourquoi il refuse un plan pollinisateur qui serait vu comme une contrepartie de la dérogation néonicotinoïdes sur betteraves.
De façon générale il précise que la position de la FOP est, sur ce sujet, « oui à la transition mais non aux interdictions sans solution ».
Sur l’eau, il estime indispensable d’avancer sur la question du stockage.
D’autres incertitudes pèsent sur les débouchés.
Il en ainsi des biocarburants. Or « il ne peut y avoir de plan protéines sans biocarburants ». Les graines européennes à destination des biocarburants ne participent pas à la déforestation (elles représentent 3% des surfaces en France) mais participent à la protéine à destination du secteur animal, structurent l’emploi dans les territoires et apportent des solutions à la transition énergétique.
Par ailleurs, de nouveaux débouchés s’ouvrent. Oléo 100 : immédiatement disponible. Participe à la décarbonisation de l’économie. Alors pourquoi ne pas accélérer avec sa reconnaissance comme Crit1 ? C’est « une question d’équité » avec les autres carburants de ce genre.
Le F30 promut avec la FF3C comme une solution alternative au chauffage.
Ces inquiétudes génèrent une baisse des surfaces en colza que ne peut compenser la hausse des surfaces en tournesol et soja.
Il convient donc de réaffirmer l’ambition de la FOP
- Ambition de porter l’économie et le revenu des producteurs en lien avec la réponse aux attentes sociétales et des consommateurs.
- Ambition de la compétitivité qui implique, d’une part, la valorisation des productions et le retour de la valeur ajoutée à tous les acteurs de la filière et, d’autre part, la construction des débouchés de demain.
Arnaud Rousseau insiste sur ce point : il faut bien comprendre que, quand on est producteur, « on produit sur sa ferme mais on s’intéresse à l’aval et aux attentes sociétales. On regarde au-delà de son exploitation et on s’engage » par exemple au sein du groupe Avril parce qu’on veut anticiper.
- Ambition de construire avec les autres AS végétales des stratégies politiques et les porter à la FNSEA, auprès des interprofessions, des OPA. Il faut avec l’appui des administrateurs « avoir une communication construite et définir un corpus idéologique clair ».
- Ambition de construire une relation de confiance avec les Pouvoirs publics. Avec l’actuel Ministre et ses services, les relations débutent bien et les finalités sont partagées notamment celles énoncées par le Président de la République sur le plan protéines et la souveraineté alimentaire.
Arnaud Rousseau souligne aussi combien ce sujet est incontournable en France et en Europe mais aussi pour construire des relations durables avec le continent africain. Il souligne l’action d’Agropol et de la Fondation Avril sur ce dernier point.
- Ambition d’une PAC à la hauteur des ambitions : « la négociation budgétaire a permis de conserver l’ambition portée par l’agriculture ». Maintenant, la FOP propose :
- De soutenir les Zones Intermédiaires,
- De préserver les secteurs qui ont déjà largement contribué et de demander des efforts soutenables pour tous,
- De ne pas prévoir de transfert P1-P2 supplémentaire,
- De définir des ecoschémas atteignables par tous,
- De réaffirmer fortement son attachement à la gestion des risques,
- D’affirmer un soutien fort à l’investissement dans le second pilier.
- Ambition de croire à la force d’une filière et à l’affirmation d’un collectif permettant à la singularité de chacun de s’exprimer : « un syndicalisme fort, une interprofession ouverte, un institut dynamique, un groupe industriel engagé, une société de financement d’excellence, une Fondation au rendez-vous ».
- Ambition de croire dans la capacité :
- Des agriculteurs et agricultrices à s’engager,
- Des adhérents à avoir confiance dans le travail réalisé par la FOP et à lui donner, par leur adhésion, les moyens nécessaires à son action,
- De chacune et chacun d’avoir des convictions que l’on partage et qui nous motivent.