Ecophyto II et CEPP : vers un changement de paradigme ?
Le plan Ecophyto II prévoyait une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de 25% d’ici à 2020 et de 50% d’ici à 2025 et la mise en place au 1er juillet 2016 de CEPP (certificats d’économies de produits phytosanitaires) avec pour seul indicateur l’évolution du NODU.
La FOP et plus généralement Orama, la FNSEA et l’ensemble de la profession agricole se sont élevées contre ce dispositif et se sont mobilisées pour le faire évoluer dans une direction qui incite les agriculteurs à d’adopter de bonnes pratiques, en tenant compte de l’existant et des contraintes économiques des exploitations.
Il était pour cela nécessaire de changer de paradigme en passant d’une approche uniquement fondée sur la réduction des usages à une approche articulant réduction des risques et des impacts.
La mobilisation syndicale a permis de proposer un nouveau dispositif qui découle de cette nouvelle logique et dont les grands axes semblent à ce jour avoir actés par le Premier Ministre et le Ministre de l’Agriculture.
La proposition syndicale :
L’objectif principal est de mettre au point et d’utiliser des techniques alternatives opérationnelles efficaces rentables et faciles à mettre en œuvre visant la réduction de risques et d’impacts et/ou la réduction d’usage de produits phytosanitaires.
Trois indicateurs de mouvement alliant recherche et innovation, conseil et développement, adoption des bonnes pratiques ainsi une résultante mesurant la réduction des utilisations sont proposés pour remplacer le seul NODU :
- Nombre de solutions alternatives ou de bonnes pratiques existantes et applicables
- Nombre de fiches actions
- Nombre de solutions alternatives ou de bonnes pratiques diffusées
- Nombre de points diffusés
- Mise en œuvre par les agriculteurs
- Enquête diagagroéco sur un échantillon d’agriculteurs
- Résultat en terme de réduction des usages
- QSA/ha
La mesure de la progression annuelle des résultats serait réalisée à partir d’un diagramme en radar avec ces 4 axes.
En ce qui concerne les CEPP, un groupe de réflexion associant profession agricole, instituts techniques et INRA, s’inspirant de cette proposition syndicale pour Ecophyto II, propose de :
- de prendre en compte les pratiques réduisant les impacts et pas uniquement les utilisations
- de comptabiliser en points plutôt qu’en NODU
- d’encourager la nouveauté en prenant en compte la part du gisement déjà exploité
- de promouvoir les actions faciles à mettre en œuvre et favorables au bilan économique
Ainsi, chaque fiche action afficherait un nombre de points, qui résulterait de la multiplication de 4 critères :
- IFT de référence, pour tenir compte des différences entre productions végétales
- Une note de base, de 0 à 3, traduisant l’économie de phyto et la variation d’impact résultant de cette mesure
- Un coefficient de gisement, pour tenir compte des bonnes pratiques déjà réalisées et des économies qui peuvent être réalisées par l’extension de cette mesure
- Un coefficient amplificateur traduisant la facilité de mise en œuvre et la rentabilité,
Avec cet indicateur composite, l’objectif serait donc un nombre de point à atteindre, qui pourrait être +25% d’ici à 2020 et +50% à 2025.
Chaque distributeur se verrait alors attribuée un point de départ en fonction de ses ventes (QSA) et un nombre de points à atteindre grâce à la diffusion de fiches actions. Au bout de 5 ans, des pénalités seraient malgré tout prévues sur la partie non atteinte, mais SLF a indiqué qu’elles seraient réduites de moitié par rapport au niveau annoncé initialement.
Ce dispositif devrait être acté le 19 avril, lors d’un COS Ecophyto.